L’histoire de Valognes

Alauna la romaine

Ancienne cité gauloise de la tribu des Unelles, Valognes devient au 1er siècle de notre ère une agglomération romaine, sur la route menant vers les îles britanniques. Cette ville, nommée Alauna, s’étendait dans l’actuel quartier d’Alleaume. Elle possédait d’importants édifices civils, dont subsistent aujourd’hui les imposantes ruines des thermes et l’emplacement d’un théâtre de plus de 3 000 places. La découverte récente de son forum et de son complexe cultuel, révélés par des sondages géophysiques, démontre qu’Alauna fut probablement, au cours des Ier et IIe siècles, le chef-lieu de cité du territoire des Unelles.

Des ducs aux rois

Après les incursions bretonnes et scandinaves des IXe et Xe siècles, Valognes entre dans l’apanage des ducs de Normandie. La ville se concentre autour du manoir ducal et de l’église paroissiale, établis en bordure de la rivière du Merderet. C’est alors qu’il se trouvait dans sa résidence de Valognes que le jeune duc Guillaume – le futur conquérant de l’Angleterre – échappe de justesse, en 1046, à un complot ourdi par ses barons révoltés.

Vers 1060, la ville voit l’installation d’un manoir épiscopal, sur un vaste domaine offert par Guillaume le Conquérant à l’évêque de Coutances, Geoffroy de Montbray. Au XIIe siècle, Valognes reste un lieu de pouvoir important, relais fréquent des rois Plantagenêt lors de leurs déplacements entre la Normandie et l’Angleterre, via les ports de Barfleur et Cherbourg. Les sondages archéologiques pratiqués en 2011 sur la place du château ont permis de mettre au jour quelques vestiges de la salle de l’ancien manoir ducal.

Après l’annexion de la Normandie par Philippe Auguste, en 1204, la cité est intégrée au domaine des rois capétiens.

Temps des guerres …

Lors de la guerre de Cent ans, suite aux traités de Mantes (1354), Valognes et le Clos du Cotentin entrent en possession de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Ce dernier fortifie l’ancien manoir ducal et y établit ses garnisons. Assiégée par Bertrand du Guesclin en 1364, reprise peu après par les navarrais, la forteresse fait l’objet de conflits incessants, tandis que la peste et les famines ravagent les campagnes. La seconde phase de la guerre de Cent ans, marquée entre 1418 et 1450 par l’occupation des armées anglaises, est moins mouvementée. Seuls les trois sièges successifs de 1449 et 1450 entraînent leur nouveau lot de morts et de destructions.

…et de prospérité

La ville, offerte en apanage à Jeanne de France, fille du roi Louis XI, connaît un net essor à compter de la seconde moitié du XVème siècle. Tandis que le château et l’église paroissiale sont partiellement reconstruits, qu’un hôtel Dieu et un couvent de moines cordeliers sont fondés, l’artisanat du cuir et du drap se développe et les premiers hôtels particuliers apparaissent. Ce mouvement se prolonge tout au long du siècle suivant, sans que la violence des guerres de Religions ni les conflits de la Ligue ne compromettent le rang de petite capitale économique et administrative que Valognes avait désormais acquis.

Les heures fastes de l’aristocratie

Victime des taxes royales et de lourdes impositions, l’artisanat valognais tend à perdre de sa vigueur dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Cette récession économique est toutefois occultée par un phénomène sans précédent de multiplication des hôtels particuliers, édifiés par une aristocratie urbaine de plus en plus nombreuse. Ces nouvelles résidences, écrins d’une société brillante, partageant son temps entre les réceptions, les jeux, les danses, les vibrantes discussions, les intrigues locales et les spéculations financières, se substituent aux demeures d’époques médiévale et Renaissance qui les ont précédées. Le XVIIème siècle voit également l’installation de nouvelles communautés religieuses, apparues dans le sillage de la Contre-Réforme. Avant que l’ancien château fort ne soit détruit, en 1689, la ville voit ainsi s’édifier une abbaye de dames bénédictines, un couvent de Capucins, un séminaire et un nouvel hôpital.

Modernité

La Révolution française entraîne la confiscation des biens d’église et la fin des fastes aristocratiques. Malgré le transfert progressif de ses administrations vers Cherbourg, Valognes se dote d’un hôtel de ville dès 1810 puis, en 1830, d’un superbe palais de justice néo-classique. L’arrivée du train, en 1858, permet le développement des activités industrielles et commerciales, liées notamment à la production laitière et à l’extraction de la pierre. Cette période est également marquée, sur le plan culturel, par d’importantes personnalités, tels l’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly, le peintre Félix Buhot, l’historien Léopold Delisle, le théoricien et homme politique Alexis de Tocqueville…

Reconstruire

L’évènement majeur du XXème siècle demeure le traumatisme provoqué par les bombardements américains de juin 1944, qui anéantissent une grande partie de la ville. Les travaux de la Reconstruction, menés avec intelligence, ont toutefois su donner aux quartiers détruits un aspect agréable, jouant de contraste et d’harmonie avec les vestiges du passé.

Aujourd’hui

Dotée en 1992 du label de « Ville d’art et d’histoire », membre depuis 2001 du « Pays d’art et d’histoire du Clos du Cotentin », Valognes s’attache à mettre en valeur son patrimoine et s’efforce de faire partager les richesses architecturales et artistiques léguées par 2000 ans d’histoire.